Construire du logement, mais pas n’importe où ni n’importe comment : 2X NON aux modifications de zone sur Meyrin et Vernier

Construire du logement, mais pas n’importe où ni n’importe comment : 2X NON aux modifications de zone sur Meyrin et Vernier

 

Les deux lois de modification de limites de zone sur le territoire des communes de Meyrin et de Vernier, soumises au peuple le 9 février, sont en fait étroitement liées et s’inscrivent dans le cadre du « Grand Projet Vernier-Meyrin-Aéroport ». Le but est de déclasser une zone villas en zone de développement, pour y construire un quartier mixte qui devrait comprendre environ 2’300 logements (15% de PPE, 30% de logements subventionnés, des logements locatifs et des coopératives d’habitation) et 800 emplois. L’Etat promet qu’il y aura des équipements collectifs et des espaces verts en suffisance, et que les arbres existants seront préservés autant que possible.

Dit comme ça, le projet paraît attrayant. Pourtant il rencontre diverses oppositions : associations d’habitants, une partie de la droite, mais aussi les Jeunes Verts et une partie des Verts, associations diverses ; ainsi que le Parti du Travail. Pourquoi être contre ? Il y a à cela plusieurs raisons.

Certaines oppositions viennent des défenseurs de la zone villa, des associations de propriétaires. Ce n’est pas notre cas. Malgré quelques arguments sensés, il s’agit globalement d’un combat égoïste d’une minorité aisée. Il ne saurait être celui du Parti du Travail. Pour nous, l’impératif de construire des logements accessibles pour toutes et tous prime clairement le confort de quelques uns. Notons toutefois que déclassement n’implique pas que quelque chose se fasse immédiatement. En effet, les parcelles ne seront rachetées que lorsque les propriétaires seront disposés à les vendre. Aussi, le projet s’échelonne jusqu’à 2050. En cas d’acceptation par le peuple, il ne faut pas s’attendre à voir des logements sortir de terre à brève échéance.

Il ne saurait toutefois s’agir pour nous de construire n’importe où, ni n’importe comment. Or il est question en l’occurrence de bâtir du logement dans une zone à proximité immédiate de l’aéroport et d’une autoroute, avec la pollution et le bruit que cela implique. L’Etat prétend que le bruit serait réduit grâce à des solutions innovantes en matière d’orientation des bâtiments et des nouvelles technologies d’isolation. Cela rendrait le bruit occasionné par l’aéroport tout à fait supportable. Voire, ce n’est pas vraiment l’expérience vécue par les riverains de l’aéroport. Les opposants disent au contraire construire des immeubles aurait un effet de réverbération, augmentant encore l’impact du bruit. Parmi eux il y a tout de même un ingénieur retraité du CERN. A peu près partout les aéroports sont situés à l’extérieur des villes, plutôt assez loin en général. Et on voudrait densifier aux abords immédiats de l’aéroport ?! Et d’une autoroute ?! Pour quelles conditions de vie ?!

La préservation des espaces verts et des arbres existants est également un paramètre important. Il s’agit en effet d’un poumon de verdure aux abords de l’aéroport et de l’autoroute, pour réduire la pollution, face aux îlots de chaleur urbains, d’autant plus vital à l’heure du réchauffement climatique ; sans parler de leur beauté et de leur importance pour la qualité de vie. Le Parti du Travail prône d’ailleurs un moratoire sur l’abattage d’arbres et un plan de renaturation en milieu urbain. Sur papier, l’Etat semble apporter toutes les garanties souhaitées. Mais c’est toujours le cas des plans proposés par l’Etat ou la Ville. Sinon, personne n’accepterait de les voter. Mais en pratique la réalisation est souvent très différentes : abattage systématique d’arbres qui confine à l’acharnement, bétonnage massif et réalisations architecturales médiocres et fort éloignées de ce qui avait été voté. On peut certes reboiser après, mais il faut de très longues années pour que de nouveaux arbres puissent compenser des arbres centenaires. Après plusieurs scandales, il semble difficile de faire confiance aux autorités une nouvelle fois.

Et puis, il y a la question des 800 emplois. Les autorités essayent de vendre le projet en disant que ce seront principalement des commerces et des services pour les habitants du quartier. Mais, si on regarde les délibérations du Grand Conseil, il y est beaucoup question de création d’une « vitrine économique », de tours de bureaux flambant neuves de verre et d’acier, premier contact avec Genève qu’auraient des cadres supérieurs qui passent par l’aéroport, de nature à attirer plus de multinationales. Construire encore des bureaux, alors qu’il y a déjà 330’000 m2 de bureaux vides dans le canton de Genève ?! Il faut au contraire réduire le nombre de ces bureaux si on veut vraiment construire du logement dont la population a besoin. Et puis, cette idée d’une « vitrine économique » s’inscrit dans un modèle de développement insensé, à base de financiarisation, de faire venir des sociétés de trading et des multinationales, un développement basé sur un secteur néfaste et parasitaire, sans lien avec les besoins réels de la population et générateur de gentrification et de flambée des prix, un modèle qui plus est lié à la croissance de l’aéroport et à l’obsession illusoire et dangereuse d’une croissance infinie dans un monde fini. Malgré le vote clair du peuple pour l’initiative pour un pilotage démocratique de l’aéroport, la classe dirigeante de notre canton entend continuer exactement comme avant.

Parce que cela ne peut ni ne doit continuer de cette façon, il faut voter 2X NON.