Le Parti du Travail se devait de réagir publiquement au retrait de Tobia Schnebli du second tour de l’élection au Conseil administratif de la Ville de Genève, imposé par nos alliés, et dont nous estimons qu’il constitue une grave faute politique
Dimanche dernier, la population genevoise s’est rendue aux urnes pour les élections municipales. Une fois de plus, ce spectacle électoral a confirmé ce que nous savons déjà : cette « démocratie » bourgeoise exclut les classes populaires. Entre le fort taux d’abstention et celles et ceux privés de droit de vote, une majorité de la population reste en dehors du jeu institutionnel. Pourtant, ces élections nous montrent l’évolution des rapports de force. Quatre constats clés en ressortent.
1. La droite extrême progresse : le danger fasciste pointe son nez aussi à Genève
Le MCG et l’UDC renforcent leur présence, dans un contexte européen où les extrêmes droites, financées par les millionnaires et les milliardaires, gagnent du terrain. Ce qui est encore plus alarmant, c’est leur percée dans les quartiers populaires. Ces formations prospèrent sur la précarisation d’une partie de la population tout en étant soutenues par les milieux immobiliers, les mêmes qui gentrifient et augmentent les loyers. L’incapacité à contrer leur discours est une défaite pour nos camps. Car, dans les faits, l’extrême droite n’est qu’un amalgame de racisme, de sexisme et de haine de classe, instrumentalisé pour diviser et maintenir l’ordre capitaliste.
2. La « gauche raisonnable » : une trahison de plus
Face à l’extrême droite, le PS et les Verts ont choisi depuis 2020 l’alliance avec la droite du Centre sous prétexte de « responsabilité » et de « lutte contre la polarisation ». Une position de gestionnaires du système, impliquant quelques compromissions, loin des intérêts des classes populaires. L’effondrement des Verts devrait être une leçon : on ne combat pas l’extrême droite avec des alliances bourgeoises, mais en proposant une véritable alternative sociale et populaire. On ne mobilise pas les abstentionnistes, les classes populaires en s’inscrivant dans le consensus libéral.
3. La gauche combative renaît
Un fait marquant : le retour du Parti du Travail à Genève. La liste EAG-UP a dépassé les 10% à l’échelle de la Ville, et Tobia à l’Exécutif a réuni 23% des voix, alors même que PS et Verts ont refusé d’intégrer la gauche radicale à leur ticket. Une dynamique était là. Mais au second tour, nos partenaires (solidaritéS, DAL et UP) ont choisi de se retirer refusant de continuer la bataille et préférant se ranger derrière le PS, les Verts, et de facto, le Centre. Nous avons été contraints par ces « alliés » de retirer notre candidat Tobia Schnebli de la course du 2e tour, nous empêchant ainsi de porter une voix de gauche plébiscitée et résolument populaire. Nous n’avons pas voulu démissionner de notre rôle. Ce revirement de nos «camarades » de la liste unitaire de la gauche « combative » renforce aujourd’hui la possibilité du virage à droite au Conseil administratif. La posture faussement radicale – « on ne se présente pas au second tour, car on refuse de participer aux exécutifs afin de rester uniquement une force d’opposition » – revient en pratique à une capitulation, à laisser le champ libre à l’alliance de la droite et de la gauche « raisonnables » et « opposées à la polarisation », à renoncer de fait à la lutte pour garder les mains propres. Une posture déclamatoire et inutile. Pour notre part, nous nous y refusons.
4. Construire l’alternative, maintenant !
Contre la montée de la droite et de l’extrême droite, nous ne pouvons pas nous contenter de postures hypocrites. L’urgence est d’organiser une véritable force de rupture, ancrée dans les luttes, prête à assumer le pouvoir et qui ne reste pas dans la gesticulation. Renoncer à porter la candidature de Tobia au 2ème tour sera perçue comme une trahison de plus par les 23% d’électrices et d’électeurs qui l’ont soutenu au premier tour. Les manoeuvres des porteurs d’eau du PS et des Verts ne feront que renforcer l’abstention. Il nous faut une alternative claire, populaire et combative. Nous appelons celles et ceux qui sont prêt-e-s à lutter avec détermination et constance pour cela à rejoindre le Parti du Travail et/ou les Jeunes POP. Contre la montée du fascisme, contre la soumission à la droite, pour une véritable force de gauche, construisons ensemble !