Loi sur le CO2 : pourquoi le Parti du Travail appelle à voter Non

Loi sur le CO2 : pourquoi le Parti du Travail appelle à voter Non

Une réponse à l’urgence écologique à la hauteur des enjeux exige un changement de système et doit être socialement juste. La loi sur le CO2 est antisociale et totalement insuffisante. Le capitalisme vert fait partie du problème, pas de la solution. Retrouvez les raisons du Non du Parti du Travail dans cette vidéo #votations #13juin2021

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Pourquoi le Parti du Travail s’oppose-t-il à la loi sur le CO2 ? La première chose à dire, c’est que nous sommes pleinement conscients de l’urgence écologique, et ce depuis longtemps – de fait, il nous reste peu de temps pour agir si l’on veut éviter la catastrophe – et nous luttons en faveur de mesures fortes pour mettre fin à la destruction de l’environnement. Notre engagement écologiste est plus ancien, plus constant et plus solide que celui de la plupart des partis qui ont voté cette loi. En ce sens, nos raisons de la combattre sont diamétralement opposées à celles des climatosceptiques et du lobby pétrolier.

Nous sommes également prêts à soutenir tout pas dans le bon sens, aussi insuffisant fut-il. Si nous avons soutenu le référendum de gauche contre la loi sur le CO2 néanmoins, et appelons aujourd’hui à voter contre, c’est que cette loi est non seulement insuffisante, mais parce qu’elle ne va pas dans le bon sens : antisociale, inefficace, et en fin de compte poudre aux yeux, qui permet surtout de ne pas toucher aux vrais responsables du désastre.

La place financière suisse à elle seule est responsable de 22 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que toute la population de notre pays. 100 multinationales sont responsables à elles seules de 71% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Mais, à l’encontre de ces vrais responsables de la destruction de l’environnement, la loi sur le CO2 ne prévoit…rien. Rien qui interdit à la finance d’investir sans restriction dans le pétrole et le gaz de schiste, ou le charbon. Aucune mesure contre l’obsolescence programmée, pour sortir de notre système basé sur le gaspillage et le tout jetable. Rien sur la publicité commerciale qui nous étouffe. Rien pour relocaliser les activités productives et sortir d’une mondialisation à outrance socialement et écologiquement mortifère. Les entreprises auraient l’entière « liberté » de continuer à détruire l’environnement, exactement comme maintenant.

La loi sur le CO2 est fondée sur une logique de soi-disant écologie libérale, de « responsabilité individuelle » du consommateur. Ce qu’elle prévoit essentiellement, c’est des taxes dites « écologiques ». Or, il est bien connu que les « petits gestes » écologiques du quotidien, aussi indispensables soient-ils, n’ont qu’un impact très limité sur les émissions globales de gaz à effet de serre. Aussi, les taxes écologiques sont-elles peu efficaces pour réduire réellement les émissions.

Elles sont en outre socialement injustes puisqu’elles sont lourdes surtout celles et ceux qui ont un revenu modeste, et qui sont les moins responsables de la catastrophe, la majorité la moins riche de la population ayant une empreinte écologique modeste. Par contre, les plus riches, dont le mode de vie est pourtant écologiquement insoutenable, pourraient sans problème continuer à polluer, en payant un tout petit peu plus cher. Aveugle à la dimension de classe de la question écologique, une telle politique est aussi injuste qu’hypocrite.

Même les rares mesures utiles prévues par la loi, comme l’isolation des bâtiments, sont frappées d’un envers. Rien n’y interdit en effet que ces travaux ne soient par répercutés sur les loyers. Quant à la soi-disant contrepartie sociale, il s’agit d’une vaste plaisanterie. Au lieu d’agir sur les réserves abusives des assureurs maladies, sur les critères opaques de fixation des primes, visiblement sans rapport avec l’évolution réelle des coûts de la santé, sur les marges abusives de la pharma…on veut subventionner encore les assureurs. Comme s’il ne nous faisaient déjà pas assez les poches comme ça.

 

Bref, cette loi s’inscrit dans la ligne du prétendu, et impossible, capitalisme vert. Basé nécessairement sur le seul objectif du profit à tout prix, voué par nature à l’accumulation infinie du capital, jamais le capitalisme ne sera ni vert ni durable. Le prétendu capitalisme vert sera tout aussi écocide que le capitalisme actuel. Le fait que les bourgeois disent que les technologies vertes représentent des nouvelles opportunités (de profit) montre bien qu’il n’y a là rien à voir avec l’écologie.

 

On ne résoudra par les problèmes écologiques en repeignant le système capitaliste en vert. Le capitalisme vert fait partie du problème, pas de la solution. Non seulement la loi sur le CO2 ne résoudra rien, mais elle permettra à la bourgeoisie de faire comme si on en avait déjà bien fait assez pour l’environnement, et à continuer à courir vers la catastrophe avec bonne conscience.

 

Le Parti du Travail le dit clairement : il ne peut y avoir de vraie réponse à la crise climatique sans changement de système, ni sans justice sociale. C’est pour dire OUI à une politique écologiste digne de ce nom, et qui ne peut être qu’anticapitaliste, que nous appelons à refuser la loi sur le CO2.